Affaire Jean Pormanove : quand les réseaux sociaux révèlent leur face sombre
- Hato Communication

- 21 août
- 4 min de lecture

Dans la nuit du 17 au 18 août 2025, le monde du streaming français est bouleversé : Jean Pormanove, alias JP (Raphaël Graven), meurt dans son sommeil au cours d’un live de près de 12 jours sur la plateforme Kick. Ce drame dépasse le simple registre du divertissement tragique : il illustre la gravité des dérives numériques : violences, privations, humiliation filmée… L’affaire soulève une question urgente : la toxicité des réseaux sociaux et l’absence de régulation face à une économie de l’extrême audience.
Qui était Jean Pormanove ?
Identité : Raphaël Graven, né le 26 janvier 1979 à Woippy (Moselle), ancien militaire français.
Débuts en ligne : Il débute en mars 2020, en publiant du contenu humoristique et de gaming, il se fait connaitre notamment aux côtés de TheKairi78.
Migration vers Kick (2023) : Il rejoint Kick, une plateforme avec une modération plus souple et des revenus attractifs pour les streamers. Il ne streame plus de jeux-vidéos pour faire des Live IRL. Il devient rapidement le streamer français le plus regardé sur Kick, et occupe la 4ᵉ place mondiale en audience en août 2024.
🗓 Timeline des événements
🔹Décembre 2024
Mediapart publie une enquête dénonçant les humiliations et sévices subis en direct dans ses streams, parle d’un “business de la maltraitance”, décrivant des claques, jets d’eau, privations et autres sévices en live.
Ouverture d’une enquête judiciaire pour violences volontaires sur personne vulnérable et diffusion d’images violentes.
🔹 Début 2025
Malgré les critiques et l’enquête en cours, Jean Pormanove continue ses lives extrêmes avec ses deux acolytes, Naruto et Safine, qui participent activement aux mises en scène d’humiliations.
Les streams continuent à générer plusieurs dizaines de milliers d’euros en dons.
🔹 Nuit du 17 au 18 août 2025
Jean Pormanove était en plein marathon de 289 heures (soit plus de 12 jours) en direct sur la plateforme Kick. Pendant cette période, il subissait des sévices physiques : coups, humiliations, privations, et autres violences orchestrées en public.
Les images montrent Jean Pormanove endormi ou inconscient, tandis que l’un des participants tente de le réveiller en lui lancant une bouteille d’eau.
Le streamer meurt pendant le direct, dans son sommeil.
🔹 18 août 2025
Annonce officielle de son décès.
Le parquet de Nice ouvre une enquête et ordonne une autopsie.
🔹 20 août 2025
La secrétaire d’État au numérique, Clara Chappaz, parle d’“horreur absolue” et saisit l’Arcom ainsi que la plateforme Pharos.
Kick suspend les comptes liés à Jean Pormanove et annonce coopérer avec la justice.
L’affaire prend une ampleur nationale et internationale, devenant un cas emblématique de la toxicité des réseaux sociaux et du manque de modération des plateformes.
Les réseaux sociaux et leur face sombre
Toxicité exacerbée par la viralité
L’un des effets pervers des réseaux sociaux est l’amplification des contenus choquants grâce à leur portée massive. Harcèlement, fake news, buzz toxiques deviennent monnaie courante, souvent encouragés par une logique d’engagement maximal. Les streamings spectaculaires – comme celui de Jean Pormanove – deviennent des catastrophes publiques en temps réel.
Le rôle des algorithmes dans la mise en avant du contenu
Les plateformes favorisent ce qui choque, divise ou indigne. L’algorithme privilégie l’indignation plutôt que la nuance ou la santé collective, créant un terreau fertile pour la diffusion de contenus violents ou abusifs au seul profit de l’audience.
La question de la modération
Exemple tragique : dérives visibles
Jean Pormanove était la cible de sévices filmés — privation de sommeil, humiliations physiques, ingestion forcée de substances, strangulations… orchestrées pour l’audience. Malgré les alertes, Kick n’a pas suffisamment réagi. Une enquête judiciaire est en cours depuis décembre 2024, lancée après un article de Mediapart dénonçant un véritable “business de la maltraitance” sur la plateforme Kick.
Sur-modération injustifiée
À l’inverse, certains créateurs subissent une suppression arbitraire de contenus inoffensifs à cause de filtres algorithmiques trop zélés. Ce blocage entrave la créativité et la liberté d’expression. Mamytwink, chaîne de vulgarisation historique, est un exemple parlant de contenu innocent parfois mal interprété par l’algorythme — rappelant combien l’automatisation peut aller trop loin.
Les jeunes, premières victimes
Une génération surexposée
Les réseaux sont accessibles dès 10–12 ans, souvent sans discernement ni accompagnement. Les contenus violents ou choquants atteignent largement les jeunes, amplifiés par l’absence de régulation forte.
Contexte politique dramatique
La mort de JP survient alors que l’Assemblée nationale réfléchit à interdire TikTok aux mineurs. Une commission est en cours, alimentée par ce drame — signe que la protection de la jeunesse s’impose enfin comme priorité.
Conclusion – Un appel sincère à la responsabilité collective
L’affaire Jean Pormanove nous laisse un goût amer. Derrière ce drame, il y a un homme de 46 ans, victime de sévices filmés et transformés en spectacle pour l’audience. Sa chaîne générait plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers d’euros grâce aux dons des spectateurs, dans ce qui ressemblait davantage à un business de la maltraitance qu’à du divertissement.
La justice devra désormais se pencher sur le rôle de ses deux acolytes, accusés de l’avoir humilié, frappé devant des milliers de spectateurs. Mais au-delà de la responsabilité individuelle, c’est bien le système qui est en cause : celui qui récompense l’excès et la souffrance au détriment de la dignité humaine.
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